Gioachino Rossini
Sombre forêt
(Recitative)
Ils s'éloignent enfin; j'ai cru le reconnaître:
Mon cœur n'a point trompé mes yeux;
Il a suivi mes pas, il est près de ces lieux
Je tremble!...s'il allait paraître!
Quel est ce sentiment profond, mystérieux
Dont je nourris l'ardeur, que je chéris peut-être?
Arnold! Arnold! est-ce bien toi?
Simple habitant de ces campagnes
L'espoir, l'orgueil de tes montagnes
Qui charme ma pensée et cause mon effroi?
Ah! que je puisse au moins l'avouer moi-même!
Melcthal, c'est toi que j'aime;
Sans toi j'aurais perdu le jour;
Et ma reconnaissance excuse mon amour

(Aria)
Sombre forêt, désert triste et sauvage
Je vous préfère aux splendeurs des palais:
C'est sur les monts, au séjour de l'orage
Que mon cœur peut renaître à la paix;
Mais l'écho seulement apprendra mes secrets
Toi, du berger astre doux et timide
Qui, sur mes pas, viens semant tes reflets
Ah! sois aussi mon étoile et mon guide!
Comme lui tes rayons sont discrets
Et l'écho seulement redira mes secrets