Kery James
Pleure En Silence (Version Longue)
[Paroles de "Pleure en silence (Version Longue)"]

[Intro]
Thug Story ...

[Couplet 1]
Persuadés d'avoir du vécu
Chacun de nous pense posséder le monopole de la souffrance
On arbore fièrement nos cicatrices et on aime à rappeler
A quel point nos vies sont tristes et cruelles
On est le nombril du monde et tous prétendent
Avoir grandi à l'ombre du bonheur
On se fait notre ciné
Des histoires pires que les nôtres, eh ben il faudrait les imaginer
Alors imaginons une histoire qui ne peut exister
Tant qu'il reste de l'humanité à l'humanité
C'est celle d'une jeune gosse de dix-sept ans
Qui ne vit plus sa vie mais la subit depuis sept ans
Papa, elle l'aime
Peut-être que lui aussi mais il l'appelle "mongolienne"
"Mongolienne, viens ici !" Il ne peut prononcer son prénom
Et la petite Ida pleure dans la pénombre
Chaque matin, comme l'a ordonné son père
Elle doit faire le salut hitlérien devant le portrait d'Hitler
Son corps agit, mais son coeur est pur
Des idées nazies que son père agite et revendique
C'est Mein Kampf qu'il lui récite
Elle ne sera jamais raciste, va savoir comment elle résiste
Ida est la preuve que les Hommes peuvent briser l'héritage
De la haine même transmis par leur entourage
Bienvenue dans l'horreur
Où on se lève et on se couche dans la douleur
Tout le monde sait, mais personne ne dit rien
Personne ne vient en aide à la petite Ida
Qu'elle assume donc son destin
Entre les cris et les insultes
Sa croissance est estropiée, de sa jeunesse il l'ampute
Si à dix-sept ans elle n'a toujours pas ses règles
Et qu'elle est imberbe, c'est peut-être que le manque d'amour la dérègle
[Refrain]
Tu peux souffrir sans venir de la banlieue
Partout tu peux lire le même manque d'amour dans les yeux
À chacun son ghetto, chacun porte son fardeau
Tu peux grandir à l'air libre, mais comme derrière les barreaux
Tu peux souffrir sans venir de la banlieue
Partout tu peux lire le même manque d'amour dans les yeux
À chacun son ghetto, chacun porte son fardeau
Tu peux grandir à l'air libre, mais comme derrière les barreaux

[Couplet 2]
Ida prend des coups
Prend des baffes dans la gueule quand elle ne cherche qu'un bisou
Il la frappe violemment, salement, tellement
Que de son vivant, la petite Ida assiste à son enterrement
Qui te protège de ta famille ?
En elle t'es sensé trouver les sentiments qui habillent
Et peuvent faire de toi un être construit
Mais tu deviens quoi si au lieu de ça, ta propre famille te détruit ?
Que crois-tu quand il lui crache à la figure ?
Et ce n'est pas une image, c'est tout son être et son avenir qu'il défigure
Comment devenir quelqu'un d'équilibré
Si par ton propre père t'as les jambes sciées, brisées ?
Elle recherche son affection
Elle est son petit soldat, pour elle pas de désertion
Elle recherche sa tendresse, mais sa tendresse a des griffes
Elle recherche son amour, son amour lui rend des gifles
Si fortes qu'elle en devient incontinente
Dois-je dire qu'elle urine et défèque sans même pouvoir se retenir
Je l'ai dit
Tu sens venir l'horreur de ce récit ?
Ici, c'est Thug Story, peu de place pour la poésie
Que font les voisins ?
Planqués derrière leurs fenêtres, crois-tu qu'ils n'entendent rien ?
Le silence est d'or mais parfois il est lâche
Corrompu et coupable, complice de ce qu'il cache
Quand la justice est muette
Aveuglée de lâcheté, le désespoir guette
Le pire peut arriver, le pire va arriver, le pire est arrivé !
Et un matin, la petite Ida a tué son propre père
Son propre père ...
[Refrain]
Tu peux souffrir sans venir de la banlieue
Partout tu peux lire le même manque d'amour dans les yeux
À chacun son ghetto, chacun porte son fardeau
Tu peux grandir à l'air libre, mais comme derrière les barreaux

[Pont]
Je n'ai rien imaginé, l'histoire de la petite Ida est réellement arrivée
Ecoute les derniers mots qu'il lui adresse dans un tourbillon de violence :
("Mongolienne, tu fermes ta gueule. Tu pleures en silence")

[Refrain]
Tu peux souffrir sans venir de la banlieue
Partout tu peux lire le même manque d'amour dans les yeux
À chacun son ghetto, chacun porte son fardeau
Tu peux grandir à l'air libre, mais comme derrière les barreaux
Tu peux souffrir sans venir de la banlieue
Partout tu peux lire le même manque d'amour dans les yeux
À chacun son ghetto, chacun porte son fardeau
Tu peux grandir à l'air libre, mais comme derrière les barreaux